Extrait d'Artemisia d'Alexandra Lapierre
Chapitre 13
Via della Croce
atelier le 9 mai 1611
« Artemisia et tous les peintres de Rome connaissaient le texte de la Bible:
« Cette année-là, le peuple avait choisi comme juges deux vieillards. Tous ceux qui avaient quelque procès s'adressaient à eux. [...] Les deux vieillards, qui voyaient chaque jour la belle Suzanne entrer dans le jardin de son mari pour sa promenade, se mirent à la désirer. Ils en perdirent l'esprit. »
Quelle voix lui avait conté, à elle, les derniers versets du Livre de Daniel? Etait-ce celle de son père, ou celle de Cosimo qui les lui avait murmurés à l'oreille?
« Blessés tous deux de cette passion, ils se cachaient l'un à l'autre leur tourment. [...] Un jour, s'étant quittés, [...] et chacun s'en étant allé de son côté, chacun aussi revint et ils se retrouvèrent face à face. Forcés alors de s'expliquer, ils s'avouèrent leur passion et convinrent de chercher le moment où ils pourraient surprendre Suzanne seule. [...] Suzanne vint comme les jours précédents. [...] Et comme il faisait chaud, elle voulut se baigner à la fontaine du jardin. Il n'y avait personne: seuls les deux vieillards cachés étaient aux aguets. [...] A peine les servantes furent-elles parties qu'ils furent debout et dirent, en se jetant sur elle: « La porte du jardin est close, personne ne peut nous voir. Nous te désirons. Cède! Couche avec nous! Si tu refuses, nous témoignerons que nous t'avons surprise avec un jeune homme qui couchait ici avec toi." [...] Suzanne gémit:" Me voici traquée de toutes parts! Si je vous cède, c'est pour moi la mort. Si je vous résiste, je ne vous échapperai pas. [...] Mais mieux vaut pour moi tomber innocente entre vos mains que trahir le Seigneur ». A grands cris, elle appela du secours."Les deux vieillards l'accusèrent alors. Ils la jugèrent. Ils la condamnèrent à mort. »
Sur la toile, dans sa nudité qui la livrait à tous les regards, Suzanne résistait. »
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Suzanne et les vieillards Artemisia Gentileschi 1610 collection Schönborn Pommersfelden |
Ici une analyse du tableau.
A noter: exposition Artemisia Gentileschi au musée Maillol (Paris) du 14 mars au 15 juillet 2012
Si le billet vous a plu, merci de me laisser un commentaire...
Merci beaucoup pour ce billet qui m'a permis d'en savoir davantage sur une toile que je viens de voir lors de l'exposition consacrée au peintre. Le livre d' Alexandra Lapierre est-il romancé ou s'agit-il d'une biographie du peintre?
RépondreSupprimerBonsoir,
RépondreSupprimerMerci pour votre commentaire.
Je dirais que le livre d'Alexandra Lapierre est une biographie romancée.
Les travaux de recherche d'Alexandra Lapierre lui ont permis d'aboutir à un ouvrage soucieux de véracité historique cependant elle a imaginé également les pensées et échanges qu'auraient pu avoir Artémisia et ses proches.
Excellente soirée
Vous trouverez également dans ce post: http://www.parisblogged.fr/2011/12/artemisia-dalexandra-lapierre.html
RépondreSupprimerun résumé de l'ouvrage d'Alexandra Lapierre.
Très bonne soirée.
Daniel dit : « Je suis pur du geste qui profane
RépondreSupprimerCe que le Créateur fit de plus lumineux ;
Mon coeur n'est pas atteint par l'oeil libidineux
De l'épouse innocente, ou de la courtisane ;
Mais il peut être ému par les pleurs de Suzanne
Que voulait condamner un juge rigoureux.
Je la défends, non point pour être aventureux,
Mais pour que de nos lois nul diable ne ricane.
Si cette histoire, un jour, était l'objet d'un livre,
Elle dirait aux gens comment nous devons vivre
Avec les tentateurs, avec les malveillants. »
Daniel est par la suite enfermé chez les fauves,
Mais, plein d'égards pour lui, le Créateur le sauve
Comme il sauva Suzanne, en se montrant vaillant.