Le pont des arts est une bande-dessinée de Catherine Meurisse, publiée aux éditions Sarbacane en mars 2012.
A travers neuf petites histoires, Catherine Meurisse nous présente quelques interactions entre les différents arts.
Statue de Jeanne d'Arc Place des Pyramides Paris
Différents artistes sont présentés et apportent chacun un éclairage sur un art qui n'est pas celui dans lequel ils s'expriment habituellement:
- Denis Diderot qui fut un pionnier de la critique d'art
- Eugène Delacroix commente l'oeuvre d'Ingres
- Théophile Gautier délibère avec Gustave Courbet du réalisme des oeuvres de ce dernier
- Charles Baudelaire présente les oeuvres du musée d'Orsay à ses amis artistes
- Emile Zola commente le trait de son ami Cézanne
- Marcel Proust est ému à la vue du Port de Delft de Vermeer
- Man ray recrée le violon d'Ingres avec kiki de Montparnasse
- Guillaume Apollinaire se voit accusé lors du vol de la Joconde
Parodie de la parodie de Marcel Duchamp LHOOQ
La lecture de cet ouvrage n'est pas aisée car les textes sont manuscrits et l'écriture est trop stylisée.
Il s'agit cependant d'un ouvrage plein d'humour, d'anecdotes plus ou moins connues (Qui savait que Camille Pissarro avait eu une inflammation du canal lacrymal?), de références à l'art (une trentaine de tableaux sont présentés).
Titre: Le pont des arts
Auteur: Catherine Meurisse
Editeur : Editions Sarbacane
Date de parution: 3 mars 2012
Collection : BD
Langue
ISBN: 9782848654966
A l'occasion du centenaire de la bande à Bonnot, le musée de Nogent-sur-marne présente une exposition sur les événements qui ont jalonnés les aventures de la fameuse bande.
L'histoire de la Bande à Bonnot est une épopée fulgurante : elle ne dure que 6 mois (de décembre 1911 à mai 1912), mais elle marque fortement les esprits. Dans une époque de luttes sociales sans merci, ceux que la presse surnomme les "bandits tragiques" tiennent en haleine une France apeurée devant tant d'audace et désespérée par l'échec de la police.
L'affaire Bonnot représente le glissement de la cause anarchiste vers le grand banditisme et l'introduction en France du hold-up "à l'américaine", utilisant l'automobile naissante.
La bande, d'abord composée de Callemin ("Raymond-la-Science"), Carouy, Soudy, Valet et Garnier, se rencontre au siège du journal L'Anarchie. Le journal est dirigé par Kibaltchiche, un intellectuel russe qui rêve d'une anarchie composée d'amour et de raison. La violence de ses amis l'inquiète: tous commettent des vols et brûlent de passer à l'étape supérieure.
Ils rencontrent Bonnot en novembre 1911. Plus expérimenté qu'eux, mécanicien et chauffeur "hors pair", il joue le rôle de chef. Les malfaiteurs multiplient les vols d'automobiles qu'ils utilisent pour leurs cambriolages et attaques de banques. Pendant quelques mois, huit personnes succombent sous leurs balles et deux autres sont grièvement blessées (rentiers, chauffeurs, agent de police, employés de banque).
Le 28 avril 1912, Bonnot est cerné à Choisy-le-Roi lors d'un siège qui rassemble des milliers de spectateurs, il succombe à ses blessures. Le 14 mai 1912, Garnier et Valet sont à leur tout cernés et tués dans un pavillon de Nogent-sur-Marne (à proximité du viaduc). Le reste de la bande et divers comparses (22 personnes) sont jugés en février 1913. Quatre des membres sont condamnés à mort, mais trois sont guillotinés (Callemin innocente Dieudonné à l'annonce du verdict). Deux sont condamnés aux travaux forcés à perpétuité (Carouy se suicide). Kibaltchiche écopera de 5 ans de prison puis jouera un rôle important dans la Révolution russe.
Les valeurs partagées par mes membres de la bande (désir d'apprendre, hospitalité, solidarité, bonne humeur, respect des femmes, hygiène alimentaire, ....) contrastent violemment avec la brutalité de leurs actes. Au final, il semble que cette affaire ait desservi la "cause anarchiste": le véritable but de Bonnot était-il de défendre l'ouvrier et ode se révolter contre la société? Son engagement politique ne lui servait-il pas d'excuse pour s'enrichir et devenir célèbre, comme il l'écrit dans sont testament?
Cent ans plus tard, l'histoire est encore dans les esprits, enrobée d'un romanesque qui a inspiré les auteurs de bande dessinée ou des cinéastes.
Des affiches, estampes, photographies, cartes postales, et une scène reconstituant l'ambiance d'un commissariat de police sont présentées à l'occasion du centenaire d'un des plus grands faits divers de la Belle Epoque.
Source: Musée de Nogent-sur-Marne
L'audacieuse agression de la rue Ordener: en pleine rue, en plein jour, des bandits, après avoir assailli et dévalisé un encaisseur, peuvent s'enfuir en automobile.
Le petit parisien, 7 janvier 1912
Garnier et Callemin volent la sacoche d'un garçon de recettes de la Société Générale. Bonnot reste au volant d'une voiture volée. Ce premier braquage en automobile connait un retentissement considérable et fait la une des journaux. Mais le butin est maigre. La voiture est abandonnée à Dieppe. Callemin tente de négocier les titres en Belgique.
Source: Musée de la Préfecture de Police
Les faits principaux
1911
- Novembre : Bonnot rencontre au siège du journal L’Anarchie ses futurs complices
- 14 décembre : vol d’une automobile Delaunay-Belleville de 12 cv. Elle servira au premier hold-up motorisé de l’histoire (complices : Bonnot, Garnier, Callemin)
- 21 décembre : attaque de la Société Générale, rue Ordener à Paris. Vol de sacoche, encaisseur grièvement blessé. L’événement a un retentissement considérable. La police découvre que le braquage est lié au milieu anarchiste (Bonnot, Garnier, Callemin)
1912
- 3 janvier : cambriolage avec assassinat d’un rentier et de sa femme de chambre à Thiais (Carouy, Metge. Rien n’indique que l’action ait été concertée avec Bonnot)
- 18 janvier : cambriolage de l’usine Firmonge à Romainville (receleur : de Boué)
- 1er février : tentative de vol de voiture à Gand. Meurtre d’un chauffeur, blessure sur veilleur de nuit (Bonnot, Garnier, Callemin, de Boué)
- 16 février : vol d’automobile à Béziers (Bonnot, Garnier, Dieudonné, Callemin, de Boué)
- 27 février : vol de voiture à Saint-Mandé. A Paris, Garnier abat un agent de police. Ce meurtre augemente la colère de la presse et de l’opinion (Bonnot, Garnier, Garnier)
- 29 février : tentative de cambriolage chez un notaire à Pontoise (Bonnot, Garnier, Callemin)
- 25 mars : vol de voiture à Montgeron. Chauffeur abattu. Braquage de la Société Générale de Chantilly. Deux employés sont tués (Bonnot, Garnier, Callemin, Monnier, Valet, Soudy)
- 30 mars-24 avril : arrestation de Soudy, Carouy, Callemin, Monnier
- 24 avril : Bonnot tue Louis Jouin, numéro 2 de la Sûreté Nationale, à Ivry-sur-Seine
- 27 avril : Bonnot est assiégé dans un pavillon de Choisy-le-Roi. Blessé, il meurt à l’Hôtel-Dieu
- 14 mai : Garnier et Valet sont cernés et tués dans un pavillon de Nogent
1913
- Février : procès des membres survivants
Source: musée de Nogent-sur-Marne
Les principaux membres:
Garnier, Bonnot, Valet, Dubois, Callemin, Soudy, Carouy, Dieudonné, Monier, Metge.
Au milieu l'écriture et les empreintes de Garnier. Source: Archives départementales du Val-de-Marne
Ivry-sur-Seine: l'immeuble dans lequel est tué l'inspecteur Jouin par Bonnot. Source: Archives Municipales d'Ivry-sur-Seine
« La Tragédie d’Ivry-sur-Seine » (24 avril 1912)
Jouin, chef adjoint de la Sûreté, est sur la trace de Monnier, qu’il soupçonne d’avoir participé au braquage de Chantilly. Il est repéré puis arrêté dans un hôtel parisien. Deux lettres qu’il allait expédier à Gauzy et Cardi, commerçants à Ivry et Alfortville mettent la police sur la voie de ces deux anarchistes. L’inspecteur Legrand se rend à Alfortville. Jouin et les inspecteurs Colmar et Robert perquisitionnent à Ivry.
La maison de Gauzy (située dans l’actuelle rue Maurice Thorez) abrite un magasin de confection. Le couple prospère et accueille des anarchistes militants. Jouin, Robert et Colmar montent au premier étage pour une banale perquisition et découvrent Bonnot par hasard. Une rixe s’engage. Bonnot tue Jouin, blesse Colmar et fait le mort, ce qui lui permet de s’échapper « à la barbe » des policiers.
Avant midi, les principaux responsables de la Sûreté ainsi que Bertillon sont à Ivry. Selon L’Excelsior, un millier de badauds stationne devant le magasin. Le cadavre de Jouin est emporté à l’hospice d’Ivry où se trouve déjà l’inspecteur Colmar, blessé. Raymond Poincaré, Président du Conseil, lui remet la Légion d’Honneur.
Source: musée de Nogent-sur-Marne
La tragédie d'Ivry-sur-Seine: l'anarchiste Bonnot tue M. Jouin chef adjoint de la Sûreté et blesse l'inspecteur Colmar.
"Où s’arrêteront les crimes de la bande tragique? Les meilleurs défenseurs de la société tombent sous les coups des bandits. L'opinion publique est exaspérée. Ne se décidera-t-on pas à débarrasser Paris et la France de tous ces anarchistes qu'on connait et parmi lesquels se recrutent ces bandes d'assassins."
Source: Le petit journal, 18 mai 1912
Chantilly: braquage de la Société Générale
25 mars 1912
Après avoir volé la limousine à Montgeron, les six complices se rendent à Chantilly vers 10h30. Soudy fait le guet dehors. Bonnot reste au volant. Quatre bandits pénètrent dans la banque. Deux seulement sont représentés ici. Le tireur est sans doute Monnier. Valet est à la porte. Deux employés sont tués, un autre blessé. Les braqueurs s'enfuient en faisant feu pour terroriser les passants. Source: Réunion des Musées Nationaux
Chantilly
25 mars 1912
Source: Musée de la Préfecture de Police
Chantilly: obsèques des victimes.
En route vers l'église.
Mars 1912
Deux employés avaient été tués lors de l'attaque de la Société Générale.
Source: Musée de la Préfecture de Police
La tragédie de Choisy-le-Roi où Bonnot trouva la mort
La foule qui voulait écharper le corps du bandit entoure l’auto
qui va l’emporter agonisant à l’Hôtel-Dieu.
Le siège de Choisy-le-Roi (28 avril 1912)
Une quinzaine d’inspecteurs cernent le garage que Joseph Dubois (ami intime de Bonnot) loue à Albert Fromentin, le « milliardaire anarchiste ». Dubois est abattu. Bonnot se barricade, blesse un inspecteur. Le siège commence. De Choisy, d’Alfortville, de Thiais arrivent des particuliers armés de fusils de chasse. A partir de 9 heures, arrivent le maire de Choisy, le préfet Lépine, deux compagnies de la garde républicaine., un régiment de zouaves avec mitrailleuse. Environ 30 000 banlieusards et parisiens affluent vers Choisy en train en fiacre, en auto ou à pied. Pendant des heures, la fusillade ne connait aucun répit. De temps en temps, Bonnot sort sur le perron pour tirer, sans être blessé. Tous les assiégeants pensent jouer un rôle historique (venger les crimes de Bonnot) lequel, semblant se désintéresser de la fusillade, rédige un « testament ». Le pavillon est dynamité. Les policiers emmenés par Guichard donnent l’assaut et trouvent Bonnot, blessé, réfugié entre deux matelas. Il est transporté à l’Hôtel-Dieu où il meurt. Une vente aux enchères se tient sur l’emplacement du pavillon.
Le compte-rendu de Léon Bloy (non publié à l’époque) prend le contre pied de la presse. « Je peux dire que je n’ai rien vu de plus ignoble, de plus totalement immonde en fait de panique et d’effervescence bourgeoise. Les journaux ne parlent que d’héroïsme. Tout le monde a été héroïque, excepté Bonnot. La population entière, au mépris des lois ou règlements de police, avait pris les armes et tiraillait en s’abritant… Glorieuse victoire de dix mille contre un. Le pays est dans l’allégresse et plusieurs salauds seront décorés. Les bourgeois infâmes et tremblant pour leurs tripes qui ont pris part à la chasse, en amateurs, étaient pour la plupart, j’aime à le croire, de ces honorables propriétaires qui vivent et s’engraissent de l’abstinence ou de la famine des pauvres, chacun d’eux ayant à rendre compte, quand il crèvera, du désespoir ou de la mort d’un grand nombre d’indigents. Protégés par toutes les lois, leur infamie est sans aucun risque. Sans Dieu, comme Bonnot, ils ont l’hypocrisie et l’argent qui manquèrent à ce malheureux. J’avoue que toute ma sympathie est acquise au désespéré donnant sa vie pour leur faire peur et je pense que Dieu les jugera plus durement. »
Source: musée de Nogent-sur-Marne
Choisy-le-Roi 28 avril 1912
Guichard (en casquette et veston) s'élance, l'arme au poing, sur Bonnot agonisant qui tire un dernier coup de revolver.
Source: réunion des Musées Nationaux
Le siège de Nogent (14-15 mai 1912)
Le siège du pavillon où se sont réfugiés Garnier et Valet transforme la ville en champ de bataille. C’est l’épisode le plus spectaculaire de la fin de la bande. Le caractère dramatique du siège s’explique par le décalage entre la durée et l’action (le siège dure 9 heures) et l’étroitesse de l’endroit où il se déroule. C’est le type même de « l’événement » : unité de lieu et de temps ; présence de héros (policiers ou bandits, selon son point de vue…).
La psychose populaire est alors à son comble. La presse dénonce l’inefficacité du Préfet Lépine. S’il doit échouer dans sa traque des deux bandits qui terrifient toute la population et ridiculisent la police, peut-être risque-t-il sa place. Tous les moyens sont donc réunis. A Nogent, la topographie des lieux est moins favorable qu’à Choisy-le-Roi. Mais la police a déjà l’expérience de ce premier siège. De plus, le fait que la villa soit située sous le viaduc de la ligne de l’Est permettra de lancer des projectiles sur la toiture.
L’effectif mobilisé est supérieur à celui de Choisy. Il est difficile de l’évaluer précisément. Certains rapports de police minimisent les chiffres, ce qui est un moyen d’insister sur l’efficacité des forces de l’ordre. Inversement, la presse d’extrême gauche avance des chiffres enflés : elle dénonce l’inégalité d’une lutte de mille assaillants contre deux hommes. On peut avancer le chiffre de 850 hommes dont 400 zouaves, mais la grande partie de ces effectifs sert à contenir les curieux.
Les forces en présence sont les suivantes : l’état major de la Préfecture et de la Sûreté Générale, dirigée par le commissaire Xavier Guichard ; le procureur de la République ; la police (tous les inspecteurs disponibles au quai des Orfèvres, les agents cyclistes, …) ; la gendarmerie ; les pompiers ; le 3eme régiment de zouaves, venu du fort de Nogent.
Source: musée de Nogent-sur-Marne
Le siège de Nogent (14-15 mai 1912)
18 heures : le commissaire Guichard et 12 inspecteurs se rendent à Nogent pour reconnaître les lieux. Le Préfet Lépine demande au fort de Nogent de la dynamite et des réflecteurs.
19 heures : Guichard, avec 7 hommes, sonne à la grille pour demander à Garnier et Valet de se rendre. Ils sont protégés par des boucliers. Les tirs commencent. Deux inspecteurs sont blessés.
20 heures : Des cartouches de dynamite sont lancées, sans résultat. Il pleut, on éclaire alors aux lampes à acétylène.
Minuit : Du matériel d’éclairage et de la mélinite sont réclamés au fort de Rosny. Deux mitrailleuses sont amenées du fort de Vincennes.
1 heure : début des explosions de 41 pétards chargés de mélinite. Ils brisent surtout les vitres des automobiles. Garnier et Valet tirent par une meurtrière improvisée, des policiers sont blessés. 30 000 badauds environ assistent à la scène. Porte de Vincennes, près de 500 taxis avaient fait « la course pour Nogent ».
2 heures : le Préfet Lépine s’impatiente. C’est à lui que revient la décision ultime : entrer de vive force dans le pavillon, puisque les explosifs sont impuissants. Le commissaire Guichard s’entretient avec des zouaves, des gendarmes, des policiers… chacune des forces de l’ordre veut être présente lors de l’assaut final et en tirer de la gloire. Le siège est de plus en plus inorganisé et improvisé. Lépine et 7 hommes pénètrent dans la villa. Garnier et Valet, blessés, continuent de tirer. Un gendarme tire sur eux.
3 heures : les corps de Garnier et Valet sont sortis du pavillon. La foule crie sa joie. Des polémiques éclateront. La presse demande pourquoi ils n’ont pas été capturés vivants. D’autre part, la police affirme que les malfaiteurs ont été tués pendant l’assaut, tandis qu’un télégramme de la gendarmerie prétend que Valet a été capturé vivant. L’autopsie ne permettra pas de trancher. Ils seront inhumés au cimetière de Bagneux, près de Bonnot.
Dans la journée du 15 mai, trains, tramways et voitures déversent dans Nogent des milliers de curieux. On vend des « reliques » (douilles, morceaux de linge ensanglantés). Le propriétaire du pavillon installe un tourniquet payant pour s’indemniser des dégâts.
Source: musée de Nogent-sur-Marne
La fin des bandits anarchistes
« Cette fois encore il fallut employer la dynamite et faire un siège en règle ; cette fois encore de braves défenseurs de l’ordre furent atteints par les balles des bandits. Mais, finalement, force est restée à l’ordre et à la loi. Les deux terribles gredins, après une résistance qui ne dura pas moins de neuf heures, furent vaincus et tués sur place. Est-ce la fin du cauchemar, cette fois ? Bonnot, Garnier, Valet, les trois principaux acteurs des drames criminels de la rue Ordener, de la place du Havre, de Montgeron et de Chantilly sont morts. La plupart de leurs complices sont en prison. A la justice maintenant de faire diligence. L’opinion publique, exaspérée par tant de crimes, réclame des sanctions rapides et décisives. Elle exige encore qu’on ne laisse plus désormais se créer et se développer librement des foyers de révolte comme ceux d’où sortirent ces bandits. Morte la bête, mort le venin. Si l’on veut éviter le retour de pareils actes de banditisme, qu’on commence donc par écraser l’anarchie. »
Le Petit Journal, 26 mai 1912
Le procès
Il a eu lieu en février 1913. Les 22 accusés sont Callemin, Carouy, Metge, Soudy, Monnier, Dieudonné, Victor Kibaltchiche et divers comparses. Callemin, le principal membre survivant, nie les faits. Il utilise le tribunal pour exprimer sa révolte. Carouy et Metge (double meurtre de Thiais) nient également, alors que leurs empreintes digitales les accusent. Monnier et Soudy (hold-up de Chantilly) sont formellement reconnus par des témoins. Kibaltchiche, directeur du journal L’Anarchie, est présenté comme le « cerveau » de la bande, ce qu’il récuse : il a hébergé certains membres mais n’a pas profité de leurs vols.
Le seul cas véritablement douteux est celui de Dieudonné, accusé de participation au braquage de la Société Générale, rue Ordener. Bonnot et Garnier ont affirmé son innocence. Faut-il croire le témoignage de l’encaisseur de recettes blessé lors du « casse » ?
Callemin, Monnier, Soudy et Dieudonné sont condamnés à mort. Carouy et Metge, aux travaux forcés à perpétuité (Carouy se suicidera). Kibaltchiche écope de 5 ans de prison (il jouera ensuite un rôle important dans la Révolution russe). A l’annonce du verdict survient un coup de théâtre : Callemin, qui avait nié sa participation au hold-up de la rue Ordener, s’accuse et innocente à son tour Dieudonné. L’avocat de Dieudonné obtiendra son recours en grâce auprès du président Raymond Poincaré. Dieudonné sera gracié en 1927, suite à la campagne d’Albert Londres. Callemin, Monnier et Soudy sont guillotinés le 21 avril 1913, devant la prison de la Santé à Paris.
Source: musée de Nogent-sur-Marne
La bande de malfaiteurs a inspiré des cinéastes, des musiciens et même les étudiants lors des événements de 1968 qui ont baptisé une des salles de la Sorbonne, la salle « Jules Bonnot ».
La bande à Bonnot de Philippe Fourastié (1968) avec Bruno Cremer, Jacques Brel, Annie Girardot, ...
La recherche de la couleur est un roman de Jean-Marc Parisis paru aux éditions Stock en août 2012.
La recherche de la couleur est l’histoire de François Novel, un romancier libre dans ses pensées qui connaît un drame conjugal et dont l’environnement social s’effrite peu à peu jusqu’à un renouveau aussi efficace qu’inattendu.
Les thèmes de La recherche de la couleur sont variés:
- Les sentiments amoureux : la naissance et la fin des sentiments, la perte du désir
- Le deuil : « [Ma mère] s’était vue mourir. Ce regard ne regardait que l’écriture. J’avais arrêté les films en noir et blanc et dévolu à l’écriture la recherche de la couleur. Je n’étais plus un enfant, la mort n’allait pas faire la loi. »
- Une certaine misogynie: « Le syndicat du vagin m'était tombé dessus. »
- Une certaine misandrie (pour mettre tout le monde d’accord) « Les hommes : des insectes nuisibles, des déchets nucléaires, voués à l’éradication, au recyclage, au confinement. »
- Les rapports humains : «Il suffisait de revoir les gens pour comprendre pourquoi on ne les voyait plus ».
La promenade du narrateur nous transporte dans les différents arrondissements de Paris :
« Le pont sur les rails de la gare de l’Est surplombait des friches industrielles. Les grues s’élevaient dans le ciel comme d’immenses prothèses d’où perlaient des fanaux rouge sang. Le vieux Paris s’allongeait sur un billard. On charcutait, on coupait, on greffait. Encore un pont, rue de Crimée, sur le bassin de la Villette, un pont levant, dernier vestige de la petite Venise prolétaire. Avant d’arriver aux abattoirs de la Villette, à la culture d’abattage : cités des Sciences, de l’Industrie, des Métiers, des Enfants. La Géode ressemblait à une station orbitale. » « On arrivait dans le quartier des Halles. Les commerces de pinards fleurissaient partout. Le vieux Paris crevait, la langue sèche. Le nouveau ressemblait à une gigantesque cave. Je détestais le vin, son goût comme sa mythologie. Il y avait une place en face de notre immeuble, rue Croix-des-Petits-Champs. » « Le métro aérien entre La Motte-Picquet et Passy promettait bien du plaisir. La rame enjambait la Seine au-dessus du pont Bir-Hakeim et freinait devant le pigeonnier où Marlon Brando tartinait de beurre le cul de Maria Schneider dans le Dernier Tango à Paris » « Dans le flux bruyant atténué par le marteau de mes pas et la forge de mon souffle, l’avenue des Champs-Élysées pouvait encore faire illusion, ressembler à cette « immense plage » de frime et de vénalité arpentée par Léon-Paul Fargue dans Le piéton de Paris. » « Bordée d’arbres timides, la rue des Batignolles menait à la place du Docteur-Félix-Lobligeois, une place qu’on dirait de village, au fin fond du dix-septième arrondissement… le joyau du coin, Sainte-Marie-des-Batignolles, riait encore d’être debout. Cette fine église blanche, fréquentée par la communauté portugaise, abritait toujours la Saint Vierge dans une grotte azur et bleu-vert. »
Cet ouvrage est l’occasion pour Jean-Marc Parisis de rendre hommage à ses idoles :
- du cinéma : Elia Kazan, Eric Rohmer, Nathalie Wood, Romy Schneider, Marilyn Monroe, Patrick Dewaere
- de la chanson : Joelle Mogensen, Jil Caplan, David Bowie
- de l’écriture: Baudelaire, René Char, Elia Kazan, Céline, Saint Simon, Aragon, Charles Péguy, Léon-Paul Fargue, Huysmans, Miller et les romantiques allemands (nombreuses citations de Novalis)…
François Novel dézingue le nouveau féminisme : néo-féministes ultras, blogueuses déversant leur venin sur la toile, femmes à la nudité de petites filles, …
Quelques très rares femmes sont dignes d’intérêt aux yeux du narrateur : Deborah Klein, une jeune romancière rencontrée à l’hôtel, Marianne et Sophie. Le narrateur cite également quelques femmes qui ont marqué l’histoire par leurs actes ou leurs écrits :
« A l’appui de sa thèse révolutionnaire (les hommes et les femmes naissent libres et égaux en droits) ; l’auteur citait à foison les féministes médiatiques mais ignorait totalement les vraies héroïnes de la liberté…Olympe de Gouges avait été décapitée après avoir rédigé les droits de la femme et de la citoyenne, Hubertine Auclert avait refusé de payer des impôts au prétexte qu’elle ne votait pas, Marguerite Durand avait fondé le premier quotidien féminin en 1897. »
Les autres personnages du roman, hommes ou femmes, sont de véritables caricatures, de l’écrivain, qui n’a jamais écrit, jusqu’à la chanteuse, victime de la banalisation de la pornographie.
La fin du roman marque un renouveau brutal pour le narrateur : nouvel amour, éclat de la jeunesse, espoir de paternité, pureté d’une première fois, …
« Comment l’ai-je rencontrée ? C’était un jour de printemps où la pluie avait menacé sans tomber, à une heure entre chien et loup. … Sifflotant sur les trottoirs de Paris, mes pas m’avaient mené au-dessus de la gare Saint-Lazare, dans le quartier des luthiers. Parti dans une embardée pour éviter un vélo, un taxi avait mordu le caniveau juste avant le croisement des rues de Rome et de Madrid où j’attendais que le feu passe au rouge. On s’était vus au moment où le taxi était monté sur le trottoir, à l’endroit du danger. On avait voulu se l’éviter, d’un même mouvement, en s’emportant, en s’enlaçant contre le mur de l’immeuble, pendant que la voiture, redressée d’un coup de volant, poursuivait son rallye vers la place de l’Europe. » « J’avais recherché les couleurs dans l’écriture. Sophie avait celles de la vie. Vingt ans. […] En vérité, on n’avait jamais cet âge, c’est lui qui vous possédait. »
Titre : La recherche de la couleur
Auteur : Jean-Marc Parisis
Editeur : Stock
Date de sortie : 22 août 2012
ISBN : 9782234064157
Violettes impériales est un film de Richard Pottier datant de 1952 avec Luis Mariano, Carmen Sevilla, Simone Valère et Louis Arbessier.
Le film débute à Grenade, en Espagne. Nous sommes au milieu du XIXe siècle, lorsqu’une jolie bohémienne lit dans les mains d’Eugénie de Montijo de Guzman. Elle lui prédit qu’elle portera une couronne. Sa mère ne prend pas la prédiction au sérieux, la plupart des monarques européens étant mariés et la France étant sous le régime d’une république.
Cependant dès que Prosper Mérimée lui apprend que Louis Napoléon Bonaparte envisage d’instaurer à nouveau l’Empire, à la faveur d’un coup d’Etat, elle organise très vite un voyage vers Paris.
Eugénie est conviée au bal des Tuileries par Louis Napoléon Bonaparte devenu Napoléon III et empereur de France. Le charme joue et Eugénie devient très vite impératrice...
Richard Pottier a réalisé ce film en 1952, pour célébrer le centenaire de l’avènement de Napoléon III.
Si les décors sont somptueux, le spectateur ne découvre cependant rien de Paris, ni du contexte historique de l’avènement de Napoléon III.
Revenons donc à ce contexte historique...
Le 10 décembre 1848, Louis Napoléon Bonaparte est le premier président de la République française, élu au suffrage universel masculin.
S’il entend défendre les principes de la Révolution française, il souhaite toutefois un pouvoir politique fort, capable d’accompagner la population tant dans la modernité industrielle que dans la pauvreté engendrée par celle-ci.
Ses projets sont contraints par la Constitution de 1848 qui prévoit, notamment, que le chef de l’Etat ne peut être réélu et l’Assemblée refuse de réviser cette Constitution.
Le recours à la force semble alors inévitable.
Un coup d’Etat est préparé à partir du 20 août 1851 à Saint-Cloud par quelques fidèles dont le duc de Morny, demi-frère de Louis Napoléon Bonaparte. La date est fixée au 2 décembre suivant, jour anniversaire du sacre de Napoléon Ier en 1804 et de la victoire d’Austerlitz en 1805.
L’opération est baptisée Rubicon, en référence à Jules César.
Le général de Saint-Arnaud, ministre de la guerre et Charlemagne Emile de Maupas, préfet de police, mobilisent les troupes. La garde nationale est neutralisée.
Le 2 décembre au matin, les troupes du général de Saint-Arnaud occupent les différents points stratégiques parisiens. Soixante mille hommes tiennent la capitale.
L’information est contrôlée par la mise sous tutelle des imprimeries. Les cafés et les écuries sont fermés. Les chefs de l’opposition républicains et monarchistes sont arrêtés. L’état de siège est décrété. L’Assemblée nationale est dissoute.
Le 14 janvier 1852, une nouvelle Constitution est proclamée : le chef de l’Etat, élu pour dix ans, a seul l’initiative des lois.
Le 7 novembre 1852, un sénatus-consulte rétablit la dignité impériale, officialisée deux semaines plus tard, lors d’un plébiscite, par 7 824 129 voix contre 253 149.
Louis Napoléon Bonaparte devient officiellement « Napoléon III, Empereur des Français » à compter du 2 décembre 1852.
Différentes légendes associent Napoléon Ier aux violettes cependant cette fleur apparaît le 1er mars 1815, lorsque Napoléon Ier est de retour de l’île d’Elbe. La violette est alors le signe de ralliement des bonapartistes. Lors de son chemin de retour sur Paris, la foule lui offre des violettes.
Son neveu a donc conservé, entre autres, ce symbole.
A voir également : Violettes impériales d’Henry Roussel (1924) avec Georges Péclet, Raquel Melles, Emile Drain et Suzanne Bianchetti.
Le monde est sans souci
Dit un financier averti
Entre un cognac et un whisky
Et son portefeuille le grossit
La chance me sourit
Se dit une fille plutôt jolie
Qui comme tous les soirs se choisit
Un endroit où passer la nuit
La nuit à Paris
On s'amuse et on rit
Sur des airs d'aujourd'hui
La nuit à Paris
On boit et on oublie
Le monde d'aujourd'hui
Moi je vous parie
Dit un écrivain réussi
Que si l'on veut mettre le prix
On peut tout avoir dans la vie
Je suis sûr que oui
Dit un faiseur de mélodies
Qui tut ce qu'il avait en lui
Pour des airs qui l'ont enrichi
La nuit à Paris
On s'amuse et on rit
Sur des airs d'aujourd'hui
La nuit à Paris
On boit et on oublie
Le monde d'aujourd'hui
Allons-nous-en d'ici
Dit une femme à son mari
Qui dévore de ses yeux vert-gris
Les filles avec mélancolie
Oui, j'ai raté ma vie
Se dit un journaliste aigri
Renvoyé pour avoir écrit
Ce qu'il devait garder pour lui
La nuit à Paris
On s'amuse et on rit
Sur des airs d'aujourd'hui
La nuit à Paris
On boit et on oublie
Le monde d'aujourd'hui
Paroles et musique: Michel Berger
Album: Dancing Disco sorti en 1977
28 boulevard des Capucines est un roman biographique de l’auteur-compositeur et interprète David McNeil publié en avril 2012 aux éditions Gallimard.
Dans cet ouvrage d’une tendresse absolue, David McNeil nous parle de sa vie d’artiste mais aussi de la Shoah, de ses relations avec son père le peintre Marc Chagall, … et cependant, en toute pudeur, il n’évoque pas sa vie de famille (et c’est tout à son honneur).
Le titre de l'ouvrage fait référence à son concert à l’Olympia, le 27 janvier 1997, et est à la fois le point de départ et la fin de cet ouvrage :
« C’est l’adresse de l’Olympia. Le fameux music-hall, promis à la destruction dans un peu moins d’un mois. Il aura fallu l’insistance d’au moins trois ministres pour qu’on obtienne, les parkings souterrains excavés, de déplacer l’édifice d’une douzaine de mètres et de le reconstruire à l’identique. Mais moi, si j’ai voulu chanter ce 27 janvier, c’est que je voulais fouler le même sol qu’ont foulé Édith Piaf, Brel et John Lennon, Bob Dylan et tant d’autres. »
« Dans cette immense salle de l’Olympia, toute en longueur, surmontée d’un balcon en fer à cheval, il y a une ambiance étonnante, presque intime. »
David McNeil nous décrit dans quelles circonstances certaines de ses chansons ont été écrites : Melissa pour Julien Clerc, Louisa pour Yves Montand, Hollywood ou encore ci-dessous Couleurs pour Yves Montand :
« Moulin Rouge, Derain fauve
Au tabac, métro Blanche
Chapeau paille, Pablo mauve
Bleu de Prusse, paix revanche
Souris grises, étoiles jaunes
Marché noir, chemises brunes
Dollars verts pour Von Braun
Casques bleus pour des prunes
Carte orange, blues et jeans
Bleu pétrole, marée noire
Miradors Argentine
Drapeau blanc pour plus tard »
28 boulevard des Capucines est ponctué de nombreuses anecdotes, qui vont de la recherche d’une tortue peinte par Gauguin jusqu’à la préparation d’œufs brouillés pour Mme Thatcher...
Si David McNeil est un globe-trotter (il a vécu un peu partout dans le monde), il a cependant eu la chance de créer des relations amicales avec les plus grands artistes français : Doisneau, Renaud, Nougaro, Souchon, Montand, Voulzy, Dutronc, ...
La perception des parisiens selon David McNeil est assez pertinente :
« Quand Alain et Belote Souchon ont fêté leur dixième anniversaire de mariage, ils nous ont invités à passer tout un après-midi sur un bateau-mouche, une « Vedette du Pont-Neuf », un de ces bateaux qui partent toujours du quai au pied du Vert-Galant et descendent la Seine, à moins qu’ils ne la remontent. Les parisiens ne prennent jamais les bateaux-mouches et peu d’entre eux sont montés un jour sur la Tour Eiffel. [...] Soit ils sont blasés, soit ils se disent que, de toute façon, et les bateaux et la tour seront toujours là et qu’ils ont bien le temps d’y aller un jour! »
Titre: 28 boulevard des Capucines
Auteur: David McNeil
Editions: Gallimard
Date de parution: avril 2012
ISBN: 9782070125067
La nuit dernière au XVe siècle est un roman de Didier van Cauwelaert (prix Goncourt en 1994 pour Un aller simple) paru en 2008 aux éditions Albin Michel.
La nuit dernière au XVe siècle est l’histoire de Jean-Luc Talbot, contrôleur des impôts qui, dans le cadre d’un simple contrôle fiscal, est rattrapé par un passé lointain de cinq siècles. Il revit alors une histoire d’amour passée avec la belle Isabeau de Grénant… et son esprit rationnel se heurte à ses sensations et aux manipulations dont il pense faire l’objet.
L’écriture est fluide, la lecture est agréable voire drôle. Le lecteur a toutefois quelques difficultés à intégrer une histoire à ce point irrationnelle et invraisemblable :
« - Marie-Pierre. Qu’est-ce qu’il m’est arrivé, concrètement, la nuit dernière ?
- Vous êtes parti au XVème siècle, dans la mémoire d’Isabeau. Concrètement, comme vous dites, elle a reconstitué dans l’astral son époque, le décor de vos amours et le corps de Guillaume- mais à partir de votre matos d’aujourd’hui, si vous voyez ce que je veux dire. C’était de vraies retrouvailles physiques. Quand elle tirait la substance de Guillaume, c’était vous le fournisseur. »
Le lecteur notera également la référence à la Ballade des pendus de François Villon :
« Quant de la chair, que trop avons nourrie, Elle est pieça devoree et pourrie, Et nous les os, devenons cendre et pouldre. De nostre mal personne ne s'en rie : Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre! »
Titre : La nuit dernière au XVe siècle
Auteur : Didier Van Cauwelaert
Editions : Albin Michel
ISBN : 9782226182203
Date de parution: février 2008